La pire des infirmités humaines

Depuis d’innombrables années, le mois de septembre marque le retour de la plupart des adolescents et des jeunes adultes sur les bancs de l’école. En 2007, alors que la rentrée scolaire en était à ses prémisses, une étude réalisée par Andrea Rea et Dirk Jacobs, de l’Université Libre de Bruxelles (U.L.B.), et publiée dans la revue Brussels Studies, a montré que l’appartenance sociale continue à déterminer l’orientation scolaire dans le secondaire mais aussi que le racisme, surtout verbal, est de plus en plus courant dans les établissements scolaires. Que l’on soit Belge ou non, les insultes à caractère raciste vont dans les deux sens. Une des injures les plus prisées chez les francophones seraient de traiter autrui de « Flamand », comme si appartenir à cette communauté linguistique et sociale de Belgique est une véritable honte. Si les actes et les propos racistes sont moins élevés dans l’enseignement général que dans le technique, le professionnel ou l’artistique, la méfiance des élèves francophones reste très forte envers les jeunes issus de l’immigration, et plus spécialement les Turcs, les Arabes et les Maghrébins.

Les stéréotypes et les préjugés ont la vie dure. L’école n’est qu’un exemple parmi tant d’autres où le racisme se développe, malgré les efforts de nombreux professeurs, philosophes, historiens, politiques ainsi que de personnes tolérantes et progressistes. Ainsi, les stades de football sont régulièrement le théâtre de propos racistes, des bâtiments religieux ou sociaux sont défigurés à coups de croix gammées et d’insultes, des gens de tous les horizons sont passés à tabac par des individus qui s’imaginent supérieurs de part leur couleur de peau ou leur origine, etc. Face à ce genre d’évènements, on s’indigne, on essaie de comprendre en utilisant les armes de la raison. Alors que depuis longtemps, on sait que les races humaines n’existent pas, pourquoi des personnes, quels que soient leur milieu social et leur âge, continuent à scander leurs propos racistes, emplis de haine, de colère et surtout de bêtise ? Quand on voit l’emprise que prennent des partis d’extrêmes droites en Belgique mais également dans plusieurs pays de l’Union européenne, il est temps de réagir et de lutter. Arrêtons de nous cacher la tête dans le sable, telle l’autruche, et secouons-nous ! S’il est fort bien d’éduquer les enfants à la différence et au respect d’autrui, montrons-leur également l’exemple dans la vie quotidienne, les leçons qu’ils en tireront seront d’autant plus bénéfiques pour leur avenir mais aussi pour le bien-être de tout le monde. Sans oublier que le droit de vote est la principale arme pour empêcher les racistes et autres xénophobes de tout poil de faire renaître les horreurs d’un terrible passé par si éloigné que ça finalement...

Nous avons tous été un jour confrontés au racisme et à l’imbécillité humaine de ceux qui se croyaient grands alors qu’ils n’étaient rien du tout de part leur sottise et leur ignorance. Ne banalisons pas la discrimination et le racisme ; apprenons plutôt à grandir dans le respect des uns et des autres en appliquant à la lettre le proverbe « Aimons-nous les uns les autres ».

« Le racisme est une manière de déléguer à l’autre le dégoût que l’on a de soi-même. »

Robert SABATIER, extrait de Le livre de la déraison souriante, 1991





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