Les invisibles

Il y en a qui se terrent dans des immeubles, loin des regards des passants, d’autres qui se mêlent à la foule sans que personne ne les remarque. Qu’importe, chez nous, ils ne sont rien car ils ne possèdent aucune identité, aucun droit, etc. Ce sont les sans-papiers. Pourtant, la question des sans-papiers hante le débat politique belge depuis des années sans trouver aucune réponse satisfaisante pour bon nombre d’acteurs associatifs et politiques.
Le 3 décembre 1989, le Premier ministre français de l’époque, Michel Rocard, déclarait : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Une phrase choque, que de nombreux responsables actuels refuseraient de prononcer, mais qui, hélas, n’est pas totalement fausse, quel que soit le pays de l’Europe Occidentale. Néanmoins, il faut savoir qu’en Belgique, suite aux nombreuses régularisations effectuées depuis 1999, les chiffres de l’immigration sont en nette diminution : en 2007, le nombre d’étrangers résidant officiellement dans notre royaume était inférieur à son niveau de… 1999. D’une part, le solde migratoire des non-Européens a baissé entre 1999 et 2001 et, d’autre part, les Marocains et les Turcs, invités à  immigrer dans le cadre de la période d’expansion économique d’après-guerre et à  présent ancrés en Belgique, souvent depuis plus d’un demi-siècle, ainsi que leurs descendants, ont acquis la nationalité belge.
Qui sont alors les sans-papiers ? Ce sont essentiellement des personnes seules ou des familles, qui ont fui des conditions de vie insupportables, que ce soit à cause de la misère, d’un régime d’oppression ou d’un conflit destructeur. En Belgique, il y aurait moins de 100 000 sans-papiers dont la majorité essaie d’être légalisée. Malheureusement, arrivés dans leur pays d’accueil, nombre de sans-papiers se retrouvent souvent exploités économiquement (travail dans des conditions inhumaines, traite d’êtres humains, etc.) mais aussi idéologiquement car des stéréotypes et un racisme latent représentent tous les sans-papiers au mieux comme un problème, au pire comme un prédateur qui cherche à tout prix à s’accaparer nos richesses, nos droits et nos acquis sociaux. Les sans-papiers sont certes dans l’illégalité, mais ce sont des personnes, des membres de notre espèce, des êtres humains comme nous tout simplement. A ce titre, ils méritent d’être traités avec respect.

Quelle est la solution idéale pour les sans-papiers ? Les oublier ? Employer la violence ? Les expulser ailleurs ? Résoudre les problèmes dans leurs pays d’origine afin qu’ils puissent y retourner vivre en paix et dans un certain confort ? Etc. ? Poser la question, c’est déjà, en quelle sorte, y répondre.

« Il n’y aura que de la misère et pas de paix sur cette planète tant que les Droits de l’Homme
seront violés en quelque partie du monde que ce soit. »

René Cassin, juriste français et un des rédacteurs de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme



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