Les nouveaux S.D.F. : les papas

En Belgique, depuis plusieurs années, le nombre de mariages continue à diminuer alors que le nombre de divorces ne cesse d’augmenter. Ainsi, en 2007, on comptait 3 divorces pour 4 mariages tandis que pour la période 1998-2000, il était de 3 divorces pour 5 mariages. Le nombre de familles monoparentales a lui aussi augmenté. On compte aujourd’hui environ une famille monoparentale pour 2 ménages. Ces chiffres peuvent s’expliquer par l’évolution des rôles et des responsabilités des hommes et des femmes dans la société comme à la maison. Ainsi, de nos jours, de plus en plus de familles sont très éloignées du schéma classique : papa, maman, enfants. Mais après le divorce, qui s’occupe des enfants ?

Ce qui est certain, c’est que la parité n’existe pas ! En effet, 90% des décisions des juges des affaires familiales sont favorables à la mère. Les motifs invoqués sont divers mais une chose est certaine : le stéréotype selon lequel toutes les mères sont plus aptes à élever leurs enfants que les pères est plus que persistant. Face à ce déséquilibre, de nombreux pères souffrent ; ils se sentent abandonnés et délaissés, pas uniquement par leur compagne mais aussi par le système judiciaire et les médias. Ces derniers abordent le sujet du divorce uniquement quand une décision est défavorable à la mère car l’opinion est beaucoup plus facilement mobilisée. A contrario, pour les pères, il n’y a rien. Aucun mot, aucun signe.

Bien trop souvent, les décisions de garde des enfants, des pensions alimentaires, des soustractions, etc. sont traitées de façon déséquilibrée au point que de nombreux pères perdent tout espoir en l’avenir. En 2006, il y a eu 2000 suicides dont ceux de nombreux pères déchus de leurs droits parentaux. Pourquoi ces hommes ont-ils choisi de mourir au lieu de vivre et de rester présents dans la vie de leurs enfants ? Plus horrible encore, pourquoi certains pères se suicident-ils avec leurs enfants ? Peut-être pour ne plus jamais être séparés…

Mais pour ceux qui décident de survivre, de lutter pour leurs enfants, que devienne leur vie ? Il est malheureusement de plus en plus courant de constater que des pères divorcés en viennent à devoir choisir entre payer la pension alimentaire ou leur loyer alors qu’ils travaillent ! Certains reçoivent alors une aide sociale, d’autres décident de vivre dans leur voiture, quand ils en ont une. Néanmoins, dans des conditions de vie difficile, le corps et l’esprit ne suivent plus : certains pères perdent leur travail et ils n’ont d’autre solution que de vivre dans la rue. Ils deviennent des sans-abris. Ils ont perdu leurs enfants, leur foyer, leur travail et leur dignité. Ils ont tout perdu… Ces hommes n’osent plus jamais se montrer devant leurs enfants. Même si certaines mères vivent le même calvaire que de nombreux pères déchus de leurs droits parentaux, les principales victimes d’un divorce mal réglé sont toujours les enfants. La pauvreté, c’est aussi ça…

Dans un monde où les lois en matière de politique familiale ne sont plus adaptées aux situations socio-économiques d’une société en pleine crise (logement, emploi, surendettement, environnement,…), il est grand temps de s’intéresser au cas des personnes divorcées. Malgré une déclaration de l’Union Européenne, le 16 mai 2006, établissant que l’année 2007 aurait été celle de la parité pour tous, il n’a été enregistré dans l’Europe entière aucun acte visant à limiter la discrimination vécue par les pères séparés de leurs enfants. Dans toute l’Europe, des structures payées grâce aux fonds publics existent en faveur des femmes divorcées. Pour les pères, à de rares exceptions près, rien n’existe de ce genre.


« Avant d’entreprendre de se marier, on devrait exiger le devis du divorce. »

Patrick Sébastien, extrait de Carnet de notes, 2001





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