L’insécurité emprisonne la liberté

Depuis de nombreuses années, le thème de l’insécurité a pris une place importante dans le fonctionnement de notre société. Il est devenu courant d’observer des mineurs délinquants être relaxés quelques heures seulement après avoir commis un crime faute de place dans les I.P.P.J. (Instituts Publiques de Protection de la Jeunesse) ou bien encore de constater que de plus en plus de détenus reçoivent une remise de peine limitant considérablement la durée de leur passage en prison. Un sentiment d’injustice s’est emparé de la population qui considère qu’un vent d’insécurité s’est levé alors que la justice semble progressivement ne plus être apte à appliquer et à faire respecter les lois.

Dans une société démocratique, la liberté individuelle ne peut pas être en opposition à la liberté collective car chacun construit sa propre liberté en participant activement à celle des autres. Dès lors, la liberté est un bien commun dont tout le monde devrait prendre soin et enrichir. Cependant, ce raisonnement n’est pas adopté par l’entièreté des individus. Ceux qui ne respectent pas les lois – symboles de la liberté collective – se retrouvent logiquement déchus de leur liberté individuelle. Le système judiciaire s’enclenche alors pour les condamner. Cependant, au lieu de s’attaquer aux sources de la délinquance et de faire preuve de fermeté dans ses actes, la justice, telle une girouette, change d’attitude du jour au lendemain, ne semblant pas être capable d’assurer la sécurité et le bien-être de la société.

Pourtant, face à ce sentiment d’insécurité sans cesse grandissant et qui pousse les gens à ne plus jouir de leur liberté, il est temps de réagir et de proposer des solutions. La tolérance zéro que prônent certaines personnes ne s’intéresse qu’au court terme et ne propose aucuns résultats bénéfiques ; il est donc plus profitable de s’interroger sur le délit commis et en tirer les conséquences sur le long terme, comprendre pourquoi un crime a été commis et comment empêcher que cela se reproduise : lutter contre la délinquance et l’insécurité, c’est avant tout en tarir les sources et non pas sévir exclusivement après un délit. La prévention et l’éducation dès le plus jeune âge doivent briser les inégalités sociales qui, inévitablement, entraînent l’insécurité sociale. En effet, cette dernière est intimement liée à la coupure sociale qui s’est opérée depuis plus de cinquante ans, provoquant la précarisation de plus en plus d’individus qui se sentent rejetés de la société et incapables d’y trouver une place hormis dans la violence et le crime.

Chacun devrait pouvoir profiter d’une vie épanouie dans une société égalitaire sans que l’on en vienne à avoir peur de tout… même de son ombre. La loi du Talion ne peut engendrer que davantage de violence et de mal-être. L’insécurité est avant tout une des conséquences de la misère sociale : c’est en luttant contre la pauvreté que l’on s’attaquera efficacement à l’insécurité.

« L’insécurité, c’est la première forme d’inégalité. »

Jean-Pierre Raffarin, ex-Premier ministre français, 2002





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