Fier d’être Européen ?

Depuis la création de l’Union européenne, la mise en circulation de l’euro, la rédaction d’une constitution européenne et tant d’autres choses encore, l’Europe, qui était encore surnommée voilà quelques années le Vieux Continent, est revenue au devant de la scène et son pouvoir n’a cessé de s’accroître. Alors que l’Amérique du Nord est en proie à des scandales financiers et sociaux qui malmènent les dirigeants, il semble bien que l’Europe soit devenue la pièce maîtresse sur l’échiquier mondial. Pour tous les pays qui y adhèrent, l’Europe c’est leur avenir.

Au fil des années, l’Europe est devenue plus puissante économiquement et son aura internationale s’est accrue. Cependant, force est de constater que ses progrès, aussi bénéfiques soient ils pour certains Européens, ne s’effectuent pas nécessairement dans le respect de l’être humain. En effet, les restructurations et la délocalisation des grands fleurons de l’industrie européenne, grâce à l’ouverture des frontières, ont permis d’engranger davantage de bénéfices au détriment de l’emploi, propageant un vent de misère au sein même de l’Europe. Ainsi, en 1967, l’entreprise Thomson située à Angers, en France, fabriquait un téléviseur en 20 heures. Puis en 1992, il ne fallait plus que 2 heures, ce qui représentait de nombreuses heures de travail économisées par les actionnaires. Dans le même temps, la part de la force de travail dans le prix du téléviser était passée de 20-30% à 10%. Mais cela ne suffisait pas et, poussée par la concurrence, Thomson a délocalisé sa production dans des pays à plus faibles coûts salariaux afin de faire diminuer le salaire, projetant des centaines d’employés au chômage et sans perspective d’avenir. Ces mouvements de restructuration et de délocalisation concernent de nos jours de très nombreux secteurs de production et plus personne n’est à l’abri.

De plus, c’est surtout l’exploitation des pays pauvres qui a ouvert la voie à l’enrichissement de l’Europe. Ainsi, si les colonies ont, en leur temps, donné bien malgré elles leur richesse au Vieux Continent, force est de constater que maintenant, l’Europe profite des pays pauvres, quel que soit le continent, pour toujours prospérer un peu plus en profitant de la misère humaine. Par exemple, le salaire mensuel de paysans africains ne dépense pas les 10 euros. Ne serait-ce pas là une nouvelle forme d’esclavage que de profiter des plus démunis pour continuer, dans nos riches contrées, à prospérer et à consommer sans soucis ?

Partout en Europe, on ne parle plus que de la baisse du pouvoir d’achat mais dans tous les pays pauvres, le pouvoir d’achat est quasiment inexistant. Une seule chose compte pour leurs habitants : continuer à garder la tête hors de l’eau en espérant l’arrivée de jours meilleurs. Une Europe puissante ne doit pas être une Europe qui ne prend soin que de ses concitoyens riches tout en exploitant la pauvreté à l’intérieur et en dehors de ses frontières. La force de l’Europe, c’est sa diversité ethnique et son énorme potentiel de pouvoir bâtir une société dans laquelle chacun pourra vivre et s’épanouir dans la dignité. Pour commencer, la première étape serait déjà d’apprendre à partager les richesses de l’Europe, possédées par une minorité, pour lutter contre la pauvreté et offrir des décentes conditions de vie à tout le monde.


 « Et de l’union des libertés dans la fraternité des peuples naîtra la sympathie des âmes, germe de cet immense avenir où commencera pour le genre humain la vie universelle et que l’on appellera la paix de l’Europe. »

Victor Hugo, extrait de Choses vues (œuvre posthume), 1887





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