Le pillage de la honte

A travers le monde, quel que soit le continent, des peuples en exploitent d’autres pour leur unique profit personnel dans le non respect des Droits de l’Homme et dans l’indifférence la plus totale pour les pays dits riches. Mais n’existe-t-il pas un pouvoir international qui a pour objectif d’organiser les rapports entre les peuples de manière telle qu’ils puissent chacun construire sa liberté, dans le respect et l’égalité ? L’O.N.U. (Organisation des Nations Unies), créée à la fin de la Seconde Guerre mondiale, est censée jouer ce rôle. Toutefois, au fil des années, son fonctionnement efficace a cédé la place à une infrastructure inerte aux capacités limitées. Certes, il est certain qu’à de multiples reprises, le rôle de l’O.N.U. a été bénéfique, mais les événements récents, notamment en Chine, au Tibet, au Proche-Orient ou en Afrique, montrent l’insuffisance des pouvoirs qui lui ont été attribués. L’O.N.U. s’est transformée en un lieu de discussion beaucoup plus qu’en un organe de décision.

Avec l’expansion de la mondialisation et l’immobilisme de l’O.N.U., d’autres organisations créées également après 1945, ont vu leur fonctionnement et leurs buts changés fortement. Ainsi, le F.M.I. (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale qui sont venus en aide, dans un premier temps, aux pays dévastés par les guerres ou trop pauvres pour échapper à la misère, ont modifié leur objectif principal d’entraide pour que maintenant, ils cherchent à tout prix à maintenir en place l’omniprésence du pouvoir des pays riches sur les pays pauvres. Comment cela est-il possible ? Tout simplement car aux F.M.I. et à la Banque mondiale, le poids de chaque Etat est fonction de sa contribution financière. Dès lors, le groupe des huit ou neuf pays les plus riches peut imposer sans difficulté sa loi à l’ensemble des autres nations. Contrairement aux sempiternelles déclarations officielles, il ne s’agit plus de démocratie mais de mise sous tutelle des pauvres par les riches, d’où découle une gigantesque exploitation de la pauvreté humaine : les pays pauvres, qui se sont endettés durant des années, se retrouvent incapables de rembourser quoi que ce soit, et même de payer les intérêts. Les populations de ces pays se retrouvent à travailler plus, sans augmentation salariale, pour que leur nation produise plus et s’acquitte de leurs dettes. Malheureusement, avec la croissance des prix, aucun des pays pauvres n’est capable de rembourser ses dettes, tout juste certains d’entre eux peuvent-ils les contenir. Ceux qui paient les pots cassés ne sont pas au pouvoir, bien entendu ! C’est la population qui voit son niveau de vie régressé, son système de santé inefficace car privé de financement et surtout, une grande partie des gens s’enfoncer dans un analphabétisme qui annonce des lendemains encore plus douloureux. Dès lors, quand les peuples sont tentés de se révolter, les autorités répondent par une répression souvent brutale : les Etats dictatoriaux sont ainsi mis en place et le reste du monde refuse de les aider sous prétexte qu’ils ne respectent pas la démocratie. Comme toujours ce ne seront pas les dirigeants qui subiront la misère et la pauvreté mais bien la population….

Malgré tous les grands événements tragiques de l’Histoire de l’humanité, les meilleures intentions du monde arrivent encore à se voir changées en des mécanismes diaboliques et destructeurs. Dans une société libéralisée dans laquelle l’argent prime sur la vie au nom de la mondialisation, on ne considère plus jamais les individus comme des êtres humains mais plutôt comme des valeurs marchandes. Quand un vent de lucidité soufflera-t-il sur tous ceux qui vivent dans leur tour d’ivoire sans se soucier des gens autour d’eux et de l’évolution du monde ?


 « Egalitarisme : rêve de pauvre, cauchemar de riche. »

Georges Elgozy, extrait de L’Esprit des mots ou l’antidictionnaire, 1981





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