Je consomme donc je suis ?

Si l’évolution des technologies a permis d’améliorer les conditions de vie et de travail, paradoxalement, la société libérale dans laquelle nous vivons semble plus pénible de jour en jour pour de nombreux individus. La course à la performance et à la consommation à engendrer un nouveau mal-être caractérisé par un individualisme exacerbé, une augmentation de la dépression ainsi que du stress, un surendettement de plus en plus de familles, l’accroissement de la précarité, etc. L’identité personnelle s’avère plus que jamais en difficulté dans un monde où les apparences extérieures priment sur tout, même sur sa propre existence.

Depuis une vingtaine d’années, la société est frappée par une avalanche d’images et de slogans véhiculés par les publicitaires et les médias. En véritables harceleurs des consciences, ils ont réussi à anesthésier l’esprit critique et la liberté individuelle afin d’endoctriner un maximum de personnes dans leur nouvelle philosophie de vie : je consomme donc je suis ! Ce phénomène, à la fois économique et social, touche essentiellement les jeunes qui ne vivent dès lors plus que pour les produits de marques, les dernières technologies, etc. Bref, tout ce qu’on leur dit d’acheter s’ils veulent être à la mode et surtout dans la norme. En effet, les publicitaires ont réussi à vendre leur message : si on veut être accepté, il faut être branché et donc il faut payer !

Ainsi, si on prend le temps d’observer le monde qui nous entoure, il est effrayant de réaliser qu’une uniformisation de masse a vu le jour : de nombreux individus se ressemblent à tous les points de vue sur l’apparence extérieure (vêtements, coupes de cheveux, G.S.M., M.P.3, etc.). On aurait presque l’impression d’observer un gigantesque groupe de moutons où l’on ne pourrait pas distinguer qui est qui ! Ce conformisme de l’aspect physique a également des effets néfastes sur la personnalité des individus car celle-ci se retrouve aussi standardisée et superficielle : le plus important n’est pas qui on est au fond de soi mais plutôt qui on est en apparence. L’individu meurt pour laisser la place au consommateur…

Si tout le monde ne veut pas se soumettre à ce système commercial, d’autres personnes, par contre, n’ont pas les moyens de se payer des objets à la mode ou luxueux. Souvent, elles deviennent les sujets de moqueries et d’insultes. Elles sont rabaissées, humiliées et dénigrées car elles ne peuvent pas s’offrir ce que les autres se payent. Dès lors, on observe que de plus en plus de personnes vivant dans la précarité accumulent des achats à crédit et des prêts pour pouvoir afficher une apparence extérieure sereine et riche, comme si acheter un G.S.M. à 300 euros était indispensable par rapport à remplir son frigo et son estomac avec de la nourriture. Malheureusement, pour beaucoup de ces individus, les dettes s’entassent et ils vont finalement tout perdre : leurs biens matériels, leur vie et leur dignité. Les priorités élémentaires ont éclaté ; elles ont été remplacées par le culte du superficiel et du matérialisme qui accroît encore plus les inégalités sociales.

Beaucoup de gens ont vendu leur personnalité et leur âme pour se transformer en moutons de Panurge. Pourtant, la vie, l’épanouissement personnel et le bonheur ne se trouvent pas dans la consommation sauvage et inhumaine. Comprenons bien que la société de consommation véhicule l’idée que ceux qui ne consomment pas ne sont rien : ils sont invisibles, transparents,… ils n’existent pas. Cependant, ce n’est pas la réalité ! Etre conscient de l’impact du rouleau compresseur de la publicité, c’est déjà résister. A vous de lutter pour continuer à conserver votre identité.


« La société de consommation a privilégié l’avoir au détriment de l’être. »

Jacques Delors, extrait de Le bonheur, la vie, la mort, Dieu,…, 1981





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