Les limites de l’assistanat

Depuis maintenant quelques années, on constate que la notion de mutualisme qui alimente, entre autre, le fond des Caisses des Soins de Santé, a du plomb dans l’aile : beaucoup de gens commencent à rechigner à payer pour ceux qui cotisent peu d’autant que plus personne n’est certain de pouvoir disposer d’une pension honorable à l’heure de la retraite. De plus en plus, on entend à travers les médias que notre sécurité sociale serait déficitaire et qu’il faudrait penser à la réformer au nom de la rentabilité. Mais qu’arrivera-t-il si nos derniers acquis de civilisation et d’entraide venaient à disparaître ? Il est fort à parier que des troubles graves verraient le jour, surtout que la misère et la précarité s’accroîtraient un peu plus chaque jour dans la population. Doit-on se préparer à sombrer dans une société à l’américaine où les règles de vie sont fixées par la grosseur du compte en banque ou bien faut-il fixer des limites à l’assistanat ? La solidarité a-t-elle un prix ? Ce qui est certain, c’est qu’elle a un coût !

Tout d’abord, il faut bien comprendre que la solidarité et l’assistanat sont deux notions très différentes. Ainsi, la solidarité consiste à venir en aide bénévolement à ceux qui sont dans la difficulté après une série de mésaventures (volontaires ou non). L’assistanat, par contre, c’est employer les ressources financières, essentiellement publiques, afin que toutes les personnes en difficulté puissent vivre décemment, même celles qui ne font pas d’efforts pour travailler ou pour apporter leur pierre à l’édification de notre société. C’est là le gros problème : certains individus, une minorité, profitent de leur situation et de leur statut pour ne jamais chercher à travailler ; telles des sangsues, elles passent leur existence à vivre à nos dépends, ce qui est inadmissible pour tous ceux qui travaillent, et encore plus pour ceux qui ont du mal à boucler leurs fins de mois. Ce sont ces individus qui détruisent lentement la sécurité sociale et qui, par leurs comportements, cherchent (in)volontairement à provoquer une gigantesque fracture sociale. Loin de nous l’envie de supprimer l’assistanat mais d’inciter fortement les politiques et tous ceux qui se déclarent défenseurs de la dignité humaine à établir des limites claires et définies afin de responsabiliser tous les citoyens, contrôler les abus ainsi que les fraudes et améliorer le fonctionnement du système public. Sans oublier le plus important : faire preuve de bon sens tant dans les paroles que dans les actes.

Ensuite, face à l’augmentation de la paupérisation et donc de l’assistanat, il faut également que notre société subisse un profond lifting afin d’offrir un nouveau visage à l’enseignement, base formatrice de l’avenir, mais aussi qu’elle favorise le travail ainsi que le mérite individuel, collectif et le talent, sans oublier de permettre une vie décente à ceux qui sont dans l’incapacité momentanée ou définitive de travailler. Une société plus humaine et égalitaire, c’est une société qui est contre le nivellement et où chacun fait face à ses droits et à ses devoirs.

En ce moment, il n’y a guère de solutions concrètes et efficaces pour mieux contrôler l’assistanat et tenter d’endiguer une progression constante de la pauvreté. La tolérance inacceptable dont font preuve les politiques à l’égard des sociétés de crédit nous fait craindre le pire pour l’avenir. Que penser encore d’un état qui grève le budget de ceux qui veulent s’en sortir ? Vous avez deux petits boulots car sans cela vous ne pouvez vous en sortir ? Prenez garde, l’Etat risque de puiser dans votre poche les quelques deniers du bonheur qu’il vous reste…


« La responsabilité est la conséquence intime de la liberté. Aussi le monde est ce que nous en faisons. »

Léo-Paul Desrosiers, extrait de Vous qui passez, 1958





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