L’indécence humaine

Fin 2007, des études révélées dans la presse dévoilaient la vérité sur les salaires en Belgique, un sujet qui, pour certains, devrait rester tabou. La grande tendance depuis plusieurs années est l’écart qui se creuse entre les revenus les plus hauts et les plus bas, même s’il reste bien en deçà de la réalité dans d’autres pays.

Ainsi, la hausse des prix de consommation, du chauffage, de l’électricité, du gaz, etc. ne frappe pas équitablement tout le monde de la même façon. En effet, ceux qui vivent avec des salaires nets dépassant les 3000 euros par mois sentent bien moins la crise que la plupart des Belges qui touchent moins de 1500 euros mensuels. L’insécurité sociale – alimentée par les inégalités, l’instabilité des revenus, les difficultés de boucler les fins de mois même en ayant deux emplois, et la crainte face à l’avenir – pénalise tant les ménages précaires que les plus jeunes. Un Belge sur cinq est en difficulté à garder la tête hors de l’eau à la fin de chaque mois et aucune amélioration n’est en vue pour l’instant.

En effet, les salaires n’augmentent pas, excepté chez ceux qui gagnent déjà des revenus beaucoup plus importants que la majorité. Donc si vous êtes riche, vous le serez encore davantage dans les années à venir… et si ce n’est pas le cas, préparez-vous à devoir vous débrouiller par tous les moyens pour (sur)vivre ! Les belles paroles des politiques sur les conflits communautaires et linguistiques ne ciblent pas les véritables priorités de la population : augmenter le pouvoir d’achat et permettre à tout un chacun de pouvoir vivre dans la dignité. Il est révoltant de voir que certains n’ont plus rien pour s’alimenter ou se chauffer en fin de mois alors que nos politiciens se pavanent dans des palaces de luxe sur le dos des contribuables pour des rencontres sans intérêt. Manger et se chauffer sont des droits humains essentiels. Quand ils sont bafoués, c’est la personne humaine qui est touchée dans sa dignité mais cela, apparemment, beaucoup ne s’en soucient guère.

Peut-être qu’en s’attaquant directement aux salaires de nos politiciens, ceux-ci réagiraient pour venir en aide à ceux qui vivent dans la précarité. Quand nous découvrons dans les médias les énormes revenus de certains individus, dont nos élus politiques, nous ne pouvons qu’être consternés par les sommes mirobolantes perçues. Ainsi, le Premier ministre et les vice-Premiers ministres gagnent 212 214 euros bruts par an. Les ministres ordinaires ont droit à 208 570 euros bruts annuel et les secrétaires d’Etat à 198.583 euros bruts par an. A ce très joli chèque, il faut ajouter, parmi les principaux avantages, une voiture avec carburant, un G.S.M. et ses communications, de même qu’un personnel de main généralement affecté à l’entretien de leur domicile privé. Mais il y a encore pire qu’eux : les grands patrons d’entreprises publiques ou semi-publiques. Ceux-ci, les fins de mois difficiles, ils ne les connaissent pas, ils ne savent même pas ce que cela signifie : Didier Bellens, le patron de Belgacom, gagne la modeste somme annuelle de 2,2 millions d’euros bruts ; Johnny Thijs, le directeur de La Poste, touche simplement ses 820 000 euros bruts par an alors que les administrateurs des holdings de la S.N.C.B. perçoivent sobrement 480 000 euros bruts annuel.

Quand on sait que des ouvriers licenciés suite à la fermeture d’une entreprise ne gagnent que quelques miettes de pain par rapport à ce que touche leur ancien patron qui peut, lui, se permettre de partir à la retraite pour le restant de ses jours, c’est tout simplement scandaleux. L’argent aurait-il plus de valeur que la dignité humaine et le respect de la vie ?


« En général, on donne plus facilement l’aumône à un misérable qu’un salaire honorable aux travailleurs. »

Lajos Kassàk, extrait de La vie d’un homme (1927)





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