Mai 1968 sous les pavés, mai 2008 sous la précarité

L’année 1968 a été marquée par une série de révoltes essentiellement estudiantines un peu partout à travers le monde. Un des événements les plus marquants de cette période s’est déroulé en France, en mai. Suite à de puissantes manifestations d’étudiants, de très nombreuses grèves générales ont paralysé complètement l’Hexagone et ont chamboulé le monde politique français. De nombreux mouvements militants ont vu le jour à cette époque avec un but commun : ôter les barrières entre les cultures, les mœurs ainsi que les relations humaines et faire souffler une bise de renouveau en s’appuyant sur des idéaux de justice, de tolérance, d’égalité, de liberté et de fraternité. L’illusion d’un monde meilleur qui a bercé chaque jour de l’année 1968 a fait rêver de nombreux individus et fait tourner la tête à ceux qui pensaient détenir un pouvoir infaillible. S’il y a eu de nombreux acquis qui ont permis à chaque individu de bénéficier de plus de droits existentiels, un grain de sable de liberté n’est rien dans un désert d’inhumanité.

Ainsi, quarante ans plus tard, le constat n’est pas brillant et n’incite guère à l’optimisme : l’argent est devenu le maître tout-puissant d’une société où l’exploitation des plus pauvres est devenue un geste aussi courant que respirer. Les générations d'étudiants et d'élèves qui ont participé aux mouvements estudiantins mondiaux ont remporté des responsabilités gouvernementales, sont devenus chefs d'entreprises, dirigeants syndicaux, ouvriers ou … clochards. Les idéaux autrefois défendus avec vigueur pour offrir un nouveau visage au monde n’ont vécu qu’un temps. Au fil des années, la société a, certes, évolué mais elle est malheureusement restée cloisonnée, bienséante, mortifère, inégalitaire et intolérante. La conscience politique et sociale qui avait fait la force de 1968 s’est embourgeoisée, se diluant dans une ode au matérialisme et à l’individualisme. Les grandes entreprises, les publicitaires et la manipulation des médias – notamment à travers des émissions de télé réalité, véritables boîtes à ramollir l’esprit – ont permis d’endormir la masse et d’enterrer toute philosophie tournée vers le bien-être d’autrui. La nouvelle génération semble, quant à elle, plus pessimiste, nihiliste, égoïste et individualiste… en quelque sorte à l’image du monde dans lequel elle vit. Les inégalités perdurent, le racisme et la xénophobie n’ont pas disparu, loin de là, et le fossé social se creuse inexorablement. Quand on sait qu’au début 2008, la Belgique compte 1,5 millions de personnes vivant dans la pauvreté (14,7%), sans compter les 5 millions d’individus, soit presque 50% de la population belge, qui rencontrent des difficultés à joindre les deux bouts chaque mois, même en travaillant, qui osera dire que tout va bien ?

Nous devons avoir conscience que la vie est de plus en plus dure pour nombre de personnes et que les belles paroles n’apportent jamais rien si elles ne sont pas suivies d’actes concrets et efficaces. Pour que le monde et les mentalités évoluent, chacun doit agir à travers des projets positifs et constructifs. L’avenir sera radieux pour tous si ensemble, nous restons généreux, optimistes, philosophes et surtout désireux de nous aider les uns les autres.

« Je prends mes désirs pour des réalités car je crois à la réalité de mes désirs. »

Auteur inconnu, extrait de Paroles de Mai 68




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