Prendre le bon wagon

La vie, c’est un éternel voyage où les paysages défilent alors que les rencontres sont nombreuses. Comme dans un train, le trajet peut être agréable ou se transformer en cauchemar : tout dépend du wagon dans lequel on monte. Bien souvent, des gens déçus décident de quitter le rang des voyageurs et de rester à jamais sur le quai de la gare. Trop de déceptions, trop de désillusions, trop de malheurs, toute une série d’expériences négatives qui pousse malheureusement de nombreuses personnes à arrêter de jouir de la vie pour errer ça et là tels des spectres. Elles ne sont plus que des ombres dans une société qui les ignorent : on les appelle les sans-abris.

Pour ceux qui continuent le déplacement, la plupart rêvent et espèrent mais ils constatent vite qu’ils n’ont pas pris le bon train. En effet, tous les convois ne sont pas identiques et la majorité des gens n’a pas les moyens de s’offrir un ticket dans un wagon de première classe. C’est pourquoi les mésaventures et les accidents sont fréquents : au premier orage de crise, c’est tout le convoi qui va dérailler et projeter les voyageurs dans la détresse et les catastrophes. Ceux qui s’imaginaient pouvoir offrir à eux-mêmes et à leur famille une vie meilleure désenchantent alors rapidement et se voient abandonnés le long des voies dans la misère la plus totale. Oubliés par la société, ils vivent dans des conditions inhumaines.

Lorsque les trains arrivent à destination, une coupure importante entre tous les voyageurs est effectuée. Tout le monde ne se trouve pas logé à la même enseigne : en fonction de la classe sociale, chacun est réparti dans un secteur bien précis. S’il n’existe pas de frontière bien déterminée, l’argent permet de séparer inégalement les quartiers et leur contenu. La société est ainsi faite : on ne mélange pas les riches et les pauvres. Ceux qui gouvernent dans leur tour d’ivoire n’essaient surtout pas de construire des ponts pour relier tous les secteurs. Ils préfèrent veiller à accroître leur fortune et augmenter les finances des nantis en exploitant les pauvres qui peinent un peu plus chaque jour à conserver leur lopin de terre et à nourrir leur estomac. C’est un esclavage tout aussi intolérable que celui des colonies qui a vu le jour mais personne ne s’en offusque : ceux qui sont asservis ont peur de se révolter et ceux qui dirigent oppressent par des menaces et de dures sanctions.

Pourtant, il y a des esprits vifs et critiques qui n’acceptent pas de vivre dans une société inégalitaire et intolérante. Pour eux, des trains spéciaux existent en dehors des rails légaux mais la plupart ne peuvent se déplacer que dans des locomotives à vapeur, où le charbon ne manque pas, mais qui tournent perpétuellement en rond : en effet, beaucoup parlent mais n’agissent pas car ils ont peur et/ou ils ne possèdent pas de moyens financiers, de projets réalisables,… Heureusement, certains se sont serré les coudes, malgré les difficultés et les critiques, pour prendre le bon wagon et monter à bord de trains à grande vitesse qui traversent la société afin de réveiller les consciences assoupies, d’effrayer les nantis par leur engagement et d’agir par des actions concrètes à chaque arrêt pour améliorer la vie de tout un chacun. Ce sont dans ces trains que se trouvent de véritablement équipes soudées et motivées qui réalisent les objectifs qu’ils se sont fixé.

Ce ne sont pas ceux qui dirigent par le pouvoir et l’argent qui doivent gérer l’existence de tout le monde. Chacun est maître de sa vie mais il faut encore en avoir conscience. Il ne faut pas monter dans n’importe quel train mais prendre le bon wagon, celui qui regroupe les individus prêts à lutter pour leurs idéaux et à construire une société plus humaine et respectueuse. A vous de savoir dans quel wagon vous souhaitez grimper…

« En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant. »

Nelson Mandela, extrait de Discours d’investiture, 10 mai 1994




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