Ne détournons pas les yeux

Comme chaque année durant la période des fêtes de fin d’année, les médias nous assaillent sans fausse pudeur d’images de sans-abris vivant dans la rue et dans le froid. Toujours les mêmes interviews, images et revendications mais aucun changement notable dans la lutte contre la misère humaine et sociale. Malheureusement, une fois les fêtes terminées, le calvaire des S.D.F., mais aussi des personnes défavorisées, est rangé au placard par les médias jusqu’en été où le risque de canicule mortelle chez les plus démunis est en constante augmentation. Il y a, dans notre société, une hypocrisie malsaine où le mot d’ordre est la solidarité alors qu’en réalité, chacun ne pense aveuglement qu’à sa petite personne. Alors que nous préférons être atteints de cécité volontaire pour ne pas affronter la misère ambiante, la pauvreté ne recule pas. Pire, elle fait partie du paysage et ne cesse de s’accroître.

La pauvreté, nous la croisons tous les jours, parfois sans même l’apercevoir. En effet, depuis plusieurs années, nous côtoyons des individus qui travaillent à temps plein et qui sont parfaitement incapables de joindre les deux bouts à la fin du mois avec la meilleure volonté du monde. Entre payer leur loyer ou manger, ils doivent choisir. Un choix terriblement inhumain et inacceptable, surtout s’ils ont une famille avec eux. De nos jours, les plus pauvres ne sont pas uniquement des S.D.F. ou des assistés sociaux, mais bien des personnes actives sur le marché du travail qui ne touchent qu’un maigre salaire sans bénéficier d’avantages sociaux. Pour éviter d’apercevoir les mille visages de la pauvreté, nous préférons regarder ailleurs ou se réfugier derrière des statistiques et les discours de nos politiciens. Néanmoins, quoi qu’en disent ceux-ci, une frontière se creuse lentement mais sûrement au sein de la population : d’un côté des nantis aux salaires affolants et de l’autre des démunis – actifs professionnellement ou non –, des assistés sociaux, des sans-abris,...

Mais le pire est que souvent, l’ignorance et les préjugés que la société véhicule vis-à-vis des individus défavorisés ne font qu’accroître leur isolement mais également leurs difficultés. Marginalisées par la société qui les a enfantées, les personnes démunies se voient être ignorées ou méprisées par ceux à qui la vie sourit. Pourtant la roue peut rapidement tourner : l’argent et le bonheur de la réussite peuvent disparaître pour laisser la place à la misère et au désarroi. Alors, au lieu d’ignorer la pauvreté, regardons-la bien en face. Nous sommes tous concernés !


« Le plus grand des maux et le plus pire des crimes, c’est la pauvreté. »

George Bernard Shaw, extrait de La commandante Barbara, 1905





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